Un village, un thème, une date : cette action consiste à amener les participants à mieux comprendre leurs espaces de vie, à développer leur curiosité, à se poser les questions du « pourquoi et du comment » où encore à lutter contre l'exclusion et notamment l'isolement vécu en milieu rural. Dans le contexte actuel, le CRVA utilise donc la compréhension et l'analyse de notre environnement comme outil d'éducation et de développement. Partant de ce postulat, l'enjeu des cafés débats, organisés sur la base d'une rencontre tous les 2 mois, est donc tout à la fois de donner la parole au plus grand nombre, de croiser différentes disciplines pour croiser simultanément les regards, tout en menant une réelle réflexion sur la fabrique de la pensée elle-même.
L'expérience de ces cycles d'échanges a débuté comme un projet conçu en direction d'un public adulte, dans une dimension inter générationnelle, comme en témoigne la diversité des thèmes traités jusqu'alors : éducation, santé, économie solidaire, développement local et rural, parentalité ou encore commerce équitable... Mais rapidement, les difficultés financières ont contraint le Centre de ressources à s'ouvrir aux jeunes et aux adolescents. Il s'est donc agit de démultiplier les expériences pour multiplier les financements. Pour autant, le principe du café débat demeure la nécessité de dépasser un cadre local, d'aller à la rencontre de ceux, qui, éloignés du tissu urbain, se trouvent le plus souvent exclus de ces pratiques. Initiés par le Centre de ressources ou développés à la demande de partenaires extérieurs, ces « temps » offrent ainsi les possibilités d'une proximité retrouvée.
Le succès de ces cycles de pratiques tient aussi dans l'approche ludique de la rencontre. Non seulement le Centre de ressources porte une attention particulière sur le lieu du débat en associant de manière judicieuse le sujet au cadre de la rencontre (ce qui n'est pas sans conséquence sur la cohérence du projet, considérant qu'un espace n'est jamais neutre), mais c'est aussi sous une forme ludique et innovante qu'il informe le public. C'est donc par des programmes concoctés sous forme de menus de restaurants que le public, jeune ou moins jeune, est invité à découvrir le déroulement de la soirée.
Mais cette expérience de la parole partagée doit s'appuyer sur l'existence de réseaux et de partenariats suffisamment forts pour acquérir une cohérence et une continuité. Le café débat de la Calmette, loin de se cantonner à un public spécialisé, tend donc à créer de nombreuses collaborations : établissements scolaires, associations de quartier, foyers ruraux, chercheurs et d'experts, participent eux aussi de la viabilité du projet.
Au coeur du projet, c'est donc la formation, la lutte contre l'isolement et l'interaction constante de l'individu et du collectif qui forment la solidité de ces échanges. Si la capacité de chacun à converger dans l'action commune ne s'acquiert que dans la pratique et la relation, alors l'expérience du café débat offre de notre point de vue, une toile de fond idéale pour illustrer et aborder ces questions.
De plus, l'intervention concrète sur le terrain de pratiques partagées comme d'une mise en jeu de la parole publique permettent véritablement d'apporter des changements d'attitudes et de comportements des citoyens. L'action du CRVA le confirme : une parole qui engendre d'autres paroles, des échanges inter générationnels, des rencontres entre habitants d'un même village et ce, quelles que soient les conceptions préalables aux projets. Tout cela permet notamment de favoriser la proximité des Hommes entre eux, de mettre en lumière des savoirs individuels, d'initier la motivation pour une action collective.
Pour que l'expérience des cafés débats puisse perdurer, il s'agirait dans un premier temps d'approfondir un travail en amont (travail de terrain, rencontre préalable du public), mais aussi en aval (temps de formation ou stage d'approfondissement), ce qui permettrait un réel suivi du projet.
Pour autant, si nous nous accordons pour dire que la parole est indiscutablement productrice de sens et ces expériences enrichissantes, les difficultés financières qui agitent aujourd'hui ces porteurs de projets comme l'ensemble de la vie associative, contraignent à une réduction voire à une disparition progressive de ces actions.
PS : en 2008, le CRVA a été contraint de déposer son bilan et de cesser ses activités
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